Felix Martin pourrait bien être le plus grand passionné de carnets d’Autriche – voire même du monde. Il s’est lancé dans la prise de notes alors qu’il était terré dans des baraquements durant son service militaire, puis, de fil en aiguille, il a construit un système qui jongle avec plus de 50 carnets à la fois.
Je me suis entretenu avec Felix, qui m’a expliqué pourquoi le stylo, le papier (et le cuir) sont devenus des incontournables de son quotidien, et m’a transmis ses conseils à destination de ceux qui aimeraient commencer à tenir un carnet.
Comment et quand as-tu commencé à prendre des notes ?
À la base, je n’écrivais pas beaucoup, à part à l’école. En tout cas, je n’écrivais certainement pas sur mon temps libre. Puis, à 19 ans, j’ai dû faire sept mois de service militaire dans l’armée autrichienne.
À l’armée, c’est difficile d’avoir son intimité. Vous dormez dans des dortoirs avec d’autres gars, vous êtes entouré de gens toute la journée. Même si on discutait et qu’on rigolait pas mal, on ne parlait pas de sujets profonds. Je dirais même que je me sentais assez seul.
Parmi les tâches qui m’étaient confiées, je devais assurer des gardes de 24 heures devant les baraquements. Dans ces moments-là, on devait rester assis sans rien faire. Nous n’avions pas le droit aux smartphones ni aux écouteurs, ni même le droit de lire quoique ce soit hormis le Manuel de l’armée autrichienne. La seule chose qui était autorisée, c’était de prendre des notes. Donc c’est ce que j’ai fait.
J’ai commencé par écrire sur des bouts de papier, puis sur un vieux cahier de classe. Au début, je pensais n’avoir rien d’intéressant à dire. Mais j’ai quand même voulu tenter, et j’ai commencé à écrire sur des endroits lointains, comme l’océan, ou à raconter des scènes aperçues dans mes rêves.
J’avais peur de devenir la risée du régiment si quelqu’un tombait sur mes notes. Mais plus j’écrivais, plus j’aimais ça : la sensation du stylo sur le papier, le sentiment qui me prenait lorsque je notais une idée, qui entraînait une autre idée, puis encore une autre. Peu à peu, c’est devenu mon échappatoire durant ces moments longs et ennuyeux de mon service militaire.
Est-ce que tu utilises vraiment 50 carnets en même temps ?
Cinquante-neuf, pour être exact ! Donc en effet, j’ai un système assez monumental. Évidemment, je ne transporte pas tous mes carnets en permanence avec moi. Mais lorsque j’ai une idée ou une réflexion dont je veux garder une trace, j’ai un carnet spécifique pour cela.

Pourquoi avoir autant de carnets en même temps ?
J’aime l’idée d’avoir un carnet pour chaque domaine de ma vie, histoire de bien délimiter les choses. Par exemple, pour mes cours à la fac, j’utilise les portfolios qui sont plus grands et offrent davantage de place pour écrire et pour transporter mes affaires de cours. Pour mon usage plus personnel, j’aime les grands voyageurs [xl] pour leur simplicité et leur format pratique.
En général, j’entame un nouveau carnet lorsque j’y suis poussé par quelque chose. Par exemple, si je lis un livre qui m’intéresse beaucoup, je vais me munir d’un nouveau carnet où je noterai exclusivement mes notes relatives à ce livre.
Comment fonctionne ton système de prise de notes et de journaux ?
Le plus important pour moi, c’est que mon système de prise de notes soit fonctionnel. Par conséquent, même si j’ai près de soixante carnets différents, tout commence dans mon petit carnet de poche. Puis je passe à des tailles progressivement plus grandes pour les tâches plus longues et plus détaillées. Par exemple, j’utilise :
C’est avec lui que tout commence. Il m’accompagne partout : au bar, à la salle de sport, dans le métro… Dès que j’ai une idée dont je veux me souvenir, c’est dans ce carnet que je commence par la coucher sur papier.
Celui-ci sert à mes notes de lecture. Je lis beaucoup de journaux et de revues pour la fac, et c’est dans ce carnet que je consigne les idées qui s’y rapportent.
Je l’utilise pour toutes mes notes relatives à mon boulot chez paper republic, et pour mes études universitaires. Je trouve que le grand format du portfolio s’y prête bien.
Je cherche toujours des façons d’améliorer mon système. Au cours de l’année écoulée, je me suis amusé à le développer puis à le condenser. Parfois, je le trouve génial justement parce qu’il est tellement grand qu’il m’offre énormément d’espace, mais parfois je le trouve trop imposant !
À quel point l’apparence de tes carnets est-elle importante pour toi ?
Elle l’est énormément. Quand j’étais dans l’armée, je prenais mes notes sur des bouts de papiers que je pliais ensuite. Ça m’a convenu un temps, mais j’ai vite réalisé que ça n’était ni joli à regarder ni fonctionnel. Lorsque j’ai commencé à prendre l’écriture un peu plus au sérieux, j’ai réalisé qu’il n’était pas possible de continuer sur des feuilles volantes : non seulement c’est compliqué à organiser, mais en plus ce n’est pas satisfaisant à relire.
J’ai alors compris qu’il me fallait un système de carnets. C’est là que j’ai découvert paper republic. Leurs carnets en cuir et leurs recharges de papier étaient plus chers que les bouts de papier que j’utilisais jusque-là, mais ça valait totalement le coup.
Tu prends énormément de notes ! À quelle fréquence relis-tu ce que tu as écrit ?
Je me pose souvent la question : « dans quel état d’esprit étais-je l’année dernière au même moment ? » Donc une ou deux fois par semaine, je relis d’anciens passages de mes journaux, et ça m’aide à voir si j’ai réglé certains problèmes ou s’ils sont toujours là.
Tu as des carnets en cuir de plusieurs couleurs différentes. Est-ce que la couleur a une fonction dans ton système de prise de note ?
Les couleurs de mes carnets dépendent davantage de mes préférences personnelles que de mon système. J’en ai des noirs, des rouges et d’autres en cuir naturel, mais le noir reste mon favori. J’aime son aspect simple et naturel.
Quel type de papier utilises-tu ?
J’adore le papier blanc pour les projets créatifs et pour dessiner. J’utilise le papier à lignes pour l’écriture plus structurée.
Tu as mis au point un système de symboles pour ta prise de notes, tu peux nous expliquer ?
Je trace une petite marge sur tous mes carnets à l’aide d’une règle et d’un crayon. Dans cette marge, je note différents symboles qui m’aident à m’y retrouver.
Par exemple :
* = passage important ou particulièrement bon
? = passage que je ne comprends pas
“trois points formant un triangle” = résumé d’un passage de texte
Mon système de symboles m’aide à retrouver mes notes plus rapidement dans mes carnets lorsque je les feuillette à nouveau.
Tu as eu l’occasion de tester pleins de carnets différents. Qu’est-ce qui t’a fait rester fidèle à paper republic ?
Pour commencer, j’adore leurs couvertures en cuir. C’est vraiment important pour moi d’avoir en main quelque chose que j’aime regarder et toucher. Si vous n’aimez pas votre carnet, vous ne l’utiliserez pas souvent.
Ensuite, il y a l’aspect fonctionnel, qui est encore plus important. Par exemple, le fait que je puisse remplacer un carnet par un autre si facilement. C’est parfait pour quelqu’un comme moi qui a énormément de carnets portant sur différents sujets. C’est vraiment super flexible et fonctionnel.
As-tu déjà troqué le papier et le stylo contre un logiciel de prise de notes ?
Quand j’avais 17 ans, il m’arrivait de prendre des notes sur mon MacBook, mais j’ai fini par revenir au papier et au stylo. Si je devais expliquer pourquoi, je dirais que c’est parce que j’adore leur simplicité. Et je n’apprécie pas le potentiel de distraction d’un ordinateur ou d’une appli.
Le simple fait de voir un mot souligné en rouge par le correcteur orthographique m’agace. Et puis, les téléphones nuisent terriblement à la concentration parce qu’on est constamment bombardé de messages et de notifications. Ça interrompt le flux de pensée et ça freine la créativité.
En revanche, lorsque j’écris au stylo dans mon journal, je suis envahi par un sentiment de paix. Sur le papier, je peux écrire sans distraction. Et puis, il n’y a pas à se préoccuper des questions de batterie.
Tu es issu d’une génération née à l’ère du numérique. Est-ce que tu penses que de plus en plus de gens (re)découvrent le stylo et le papier ?
Beaucoup de gens souffrent de problèmes de surcharge sensorielle liés à la quantité astronomique d’informations accessibles sur Internet, du nombre colossal de messages qu’on reçoit. C’est extrêmement distrayant et ça crée des problèmes de concentration.
Par conséquent, je pense que beaucoup de gens essayent de diminuer le temps passé sur Internet ou sur les réseaux sociaux. Revenir au papier et au stylo, c’est un moyen de réduire ces distractions. Depuis que j’ai montré mes carnets à certains de mes amis, ils se sont mis à en utiliser eux aussi.
Je pense que ce qui séduit les gens, c’est la simplicité de la chose. Il y a une impression de naturel qui s’impose. Quand j’écris, j’ai l’impression de faire quelque chose de réellement bénéfique pour moi-même, contrairement à lorsque je scrolle des bêtises sur mon téléphone.
Évidemment, ça n’empêche pas de continuer à taper à l’ordinateur pour certaines choses. Par exemple, je n’écrirais jamais une dissertation pour la fac sur un carnet ! Mais pour mes projets personnels, le papier et le stylo me conviennent mieux.
Quel conseil donnerais-tu pour choisir un carnet ?
Tout d’abord, il faut accepter qu’il n’existe pas de carnet parfait. J’en sais quelque chose ! Je conseillerais donc d’abord de réfléchir à l’usage qu’on souhaite faire de son carnet. Servira-t-il à prendre des notes au pied levé ? Dans ce cas, vous aurez besoin de quelque chose qui tient dans votre poche, comme le grand voyageur [pocket].
Sera-t-il plutôt destiné à des textes plus longs et plus détaillés ? Pour cela, j’opterais pour quelque chose de plus grand comme le grand voyageur [xl]. Vous avez envie de dessiner ou de peindre ? Alors il vaut mieux choisir un grand voyageur [a4], voire un portfolio.
Par ailleurs, il est important que vous aimiez votre carnet. Plus vous aimez le regarder, le toucher et le sentir (le tannage végétal du cuir paper republic sent délicieusement bon !), plus vous aurez envie d’écrire ou de dessiner dans votre carnet. Alors, choisissez-en un qui vous procure du plaisir.
Qu’as-tu écrit dans ton journal hier ?
Hier, j’ai beaucoup réfléchi à mon système de prise de notes, j’avais des idées de modifications à lui apporter, donc j’ai écrit là-dessus. Je prenais des notes sur la prise de notes, en somme !
Une dernière question : tu es manifestement un écrivain très passionné. Aimerais-tu un jour être auteur et publier des livres ?
Oui, écrire un livre fait assurément partie de mes rêves. Mais c’est aussi un rêve qui m’effraie parce que ce que j’écris est excessivement personnel. Je rêve d’écrire un livre que les gens liront et en même temps, je me demande si j’ai réellement envie qu’on me lise !
C’est surtout parce que mes personnages ressemblent beaucoup à des gens dans la vraie vie. Par exemple, j’écris une histoire dans laquelle le personnage principal a beaucoup de choses en commun avec moi, c’est une version de moi poussée à l’extrême. Donc à cause de ça, je me demande si les gens se diront en me lisant :
« Est-ce que c’est vraiment ce que tu penses ? C’est comme ça que tu vois ta famille et tes amis ? »
Pour autant, écrire un vrai roman et le faire publier reste un de mes rêves, donc je verrai à l’avenir comment cette idée évolue dans mon esprit.
Felix est actuellement l’une des stars de notre équipe de service client et aide chaque jour nos clients à choisir le carnet qui leur convient. Obtenez son avis d’expert en programmant une présentation vidéo en live avec lui.